Avant l’accident, Yves Mathelin était guide de haute montagne, membre du peloton de gendarmerie de haute montagne de Chamonix, et candidat à l’Everest. Mais à 34 ans, sa vie bascule lors d’une chute à l’aiguille du Midi, et c’est sa nouvelle existence qu’il préfère évoquer, une vie tournée vers les autres, avec toujours un côté hors-norme qui lui colle à la peau, valide ou handicapé.
Pour fuir la montagne, qui lui renvoie ses frustrations en pleine figure, il part avec sa femme et ses deux filles vivre en Vendée, près de Cholet, sa ville natale. Après deux ans et demi, il refait surface et revient à Chamonix puis découvre le ski assis en Suisse. Il se rend compte qu’il n’existe pas de structure destinée aux personnes handicapées en France et il crée alors une école de ski spécialisée appelée Ski Assis évasion, en 1995. Réussissant à trouver les financements, il achète du matériel et forme des moniteurs. Cette activité remporte tout de suite un grand succès, qui se poursuit aujourd’hui avec une équipe de dix moniteurs.
Après avoir donné la possibilité aux autres de sortir de leur enfermement eux aussi, voilà Yves Mathelin qui se lance dans l’aviation. Il prouve là, encore une fois, que l’impossible est uniquement dans les têtes. Il apprend à piloter en banlieue parisienne, puis crée en 1997, l’aéro-club Esperavia (espérance en l’aviation) à Annecy, pour permettre à d’autres personnes en fauteuil de voler, en baptême ou en autonomie.
En 2001, Yves Mathelin obtient la qualification montagne avion, la première en Europe délivrée à une personne handicapée. Il pratique aussi le parapente en chaise et fait tout pour promouvoir cette activité au sein des écoles de vol libre en Haute-Savoie. Dans la foulée, Yves Mathelin, permis hauturier en poche, traverse en bateau la Méditerranée.
Sportif émérite, amoureux de la vie et de la nature, à 67 ans, Yves Mathelin reste un militant actif, non pas de l’insertion, comme une feuille volante dans un livre, non pas de l’intégration, conception individualiste sous entendant que ça serait à la personne handicapée de s’adapter, mais plutôt de son inclusion dans la société, comme citoyen à part entière.
