Marion Dubreuil

Marion Dubreuil aurait dû couvrir le procès de Joël Le Scouarnec. Mais, après Mazan, elle s’en trouve incapable. Comment exercer son métier et continuer d’écrire sur ces faits-divers s’il s’agit uniquement de faire le procès des monstres ? Si ce n’est pas pour dénoncer les biais de l’institution judiciaire ? Si, au fond, ce n’est pas pour faire changer les choses, à quoi bon ?

En nous plongeant au cœur de ce procès hors norme, Marion Dubreuil, journaliste judiciaire spécialisée dans les violences sexuelles et sexistes, s’interroge sur la nature de son métier. Car, Mazan, c’est le Styx, ce fleuve qui
dans la mythologie grecque fait le tour des enfers. Le fleuve que l’on traverse pour rejoindre Gisèle Pelicot et les autres victimes – sa fille Caroline Darian, ses belles-filles, mais aussi certaines des conjointes des accusés venues raconter les violences ordinaires qui éclairent les rapports de ces hommes aux femmes, leurs manœuvres pour les dominer. Marion Dubreuil ne cherche pas à retracer le procès, mais à comprendre à travers lui, et en convoquant les procès qu’elle a suivis depuis sept ans, comment de tels crimes sont possibles. C’est ainsi qu’elle conçoit la chronique judiciaire. C’est ainsi qu’elle nous livre un récit à la frontière de l’essai qui fera date.